L'HYper PRésent Appliqué à la Musique (et autres trucs...)

26.7.15

Bates Motel, saison 1




Ah Norman Bates, ce personnage qui m'aura tant.... heu….ouais bon ok, je n'ai en fait jamais vu Psychose et suis globalement nul en Hitchcock d'ailleurs. Mis à part un duo de violons, une douche, un passage du train dans les studios Universal et une tripotée de volatiles énervés...bah je ne connais vraiment pas grand chose.

L'arrivée d'une série préquel à ce Film ne déclencha donc pas chez moi un enthousiasme délirant. Genre, ouais bof. Un ouais bof cependant teinté d'un "pourquoi pas un jour, si le public commence à suivre ?".
Non car je ne compte plus les nombreuses frustrations suite à des annulations de séries, pourtant bonnes, après une seule saison. Les audiences toussa...putain de ricains...


Celles qui furent inexplicablement annulées (Rubicon dont j'avais parlé par ici...), celles dont le style de niche pouvait difficilement voir une suite être produite (The River,...), celles partant d'un pitch vraiment intéressant mais qui pour le coup eurent du mal à tenir la distance (Flash Forward, The Event, Terranova (non je déconne, ça c'était vraiment nul),...
Cette dernière catégorie ressemble à un cimetière de bonnes idées...mal servies par une ambition beaucoup trop élevée comparée aux moyens mis en œuvre : Les studios payant pour une bonne idée bien vendeuse le temps d’attirer les gogos sur le pilote bien marketté, mais refusant d'aligner les ronds pour 3 scénaristes majeurs et une paire de bons acteurs. Résultat, le gadin assuré, voire même une place assurée dans nanard Land...

 Pourquoi ? Mais pourquoiiiiiiiiii ?


La différence entre une grande série et une bonne série se fait pour moi dans la prise de possession du temps. La grande série tisse à son rythme une toile de laquelle il sera impossible de se dépêtrer même des années après sa vision. Elle prend son temps pour tenir un marathon, fait ses réserves pour pouvoir accélérer puis balancer ses cartouches le moment venu. On ne compte pas les épisodes des Sopranos, Six Feet Under, Game Of Thrones qui au premier abord semblent...ne rien apporter, juste remplir un espace vide. Simplement, au lieu de le combler par une baudruche ayant rapidement pris sa forme pastiche, c'est par une superposition de fines couches que ces séries procèdent… et construisent leur mythe.

Puis quand il le faut, le coup d'épée est donné en plein cœur. Plaie béante et crise sur facebook.

Beaucoup de séries ces dernières années semblent ne plus essayer de jouer sur ce terrain...à quelques exceptions près grâce à des chaînes américaines câblées (HBO, AMC,.), et/ou à péage (Netflix) voire les expérimentation barrées from UK (Sherlock, Luther,...).

Comme si les courses à remporter n'étaient plus des marathons mais uniquement des sprints. Il faut partir vite vite vite, fort fort fort... En mettre partout et beaucoup, ne pas prendre son temps, non non surtout, envoyer, remplir, enchaîner... Lièvre plutôt que tortue donc. Sauf qu'à la fin...



Après deux épisodes, Bates Motel me paraît rentrer dans cette catégorie la, le sprinter. Le pitch est bon, l'athlète prometteur, le départ excellent,... et  il accélère immédiatement : la série balance en peu de temps beaucoup de pistes, de personnages, d'événements... A un tel rythme, je redoute un essoufflement bien naturel qui serait cependant dommageable aux vues des prestations des deux acteurs principaux et de l’envie que l’on a de comprendre ce qui a pu mener le petit propret Norman à se mettre en couple sanglant avec de stridents violons…

Après avoir terminé cette - longue - première saison, le sentiment d’avoir à faire à cette race “nouvelle” de gentil sprinter s’est confirmé. On s'enchaîne les épisodes afin de savoir où tout cela peut bien nous mener, de quelle manière Norman se transformera en ce que l’on sait,... mais la flamme n’est jamais vraiment en moi. Je n’y retrouve ni le savoir américain pour faire traîner un suspense sur toute une saison quitte à nous faire avaler de sacrés anacondas, ni celui plus propre aux séries du genre “soap” (à prendre au sens large du terme) nous injectant dans les veines la drogue du “allez juste un dernier avant de dormir”.

Cependant, il faut bien l’avouer, le sujet est sacrément casse-gueule. Partir d’un point A connu, pour aller à un point B tout aussi connu, de la vie d’un jeune homme, tout en tenant en haleine sur une vingtaine d’épisodes que multiplient x saisons. Difficile ainsi de ne pas transformer la vie de Norman Bates en un enchaînement assez invraisemblable d'histoires alternant entre le drama adolescent, le trafic de drogue, la traite d’esclaves, les flics véreux, la famille décomposée,...


Pour avoir grandi dans une ville qui semble plus ou moins de la même taille que celle de la famille Bates, cela me paraît un petit peu beaucoup. Alors ok, le département des Landes est certainement un coin du monde relativement calme, mais tout de même !
Le drama ado : ok, je me souviens qu’un jour, un des gars de ma classe de collège avait fugué ! Il s’était réfugié dans la “maison du rugby” juste à côté de ma maison. La tension était à son comble.
Le Trafic de drogue : vu le tarif pratiqué sur les verres de pastis aux fêtes de mon village, je pense qu’il y avait de la contrebande de caisses d’alcool dans l’air. Oui l’alcool est une drogue. C’est mal. Bouh.
La Traite d’esclaves : on peut considérer que le traitement des adolescents ayant été pris dans le tourbillon du castrage estival du maïs est similaire à cela, je le concède.
Les flics véreux : je suis allé un jour porter plainte dans un commissariat pour pouvoir récupérer les sous perdus suite à un petit piratage de CB. La prestation dactylographique du fonctionnaire ce jour là, ainsi que la pertinence des questions m’ont plus fait penser aux gendarmes de la soupe aux choux que du L.A. Confidential de James Elroy.

Bon ok, tout y est presque en fait...

Pour en revenir à la série : la fin de saison laisse entrevoir ce changement tant attendu dans la personnalité de Norman donnant ce foutu goût de “reviens-y” qui nous fait perdre tant d’heures de notre vie…
L’avantage d’avoir commencé une série que l’on sait déjà constituée de 3 saisons, c’est que ce goût-là peut ne pas se mélanger à celui d’inachevé.

Next, next.



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